
Il est fréquemment conseillé aux patients sortant de chez l’ostéopathe de ne pas faire de sport ou d’activité dans les 24 à 48h suivant leur traitement. Cette affirmation longtemps relayée par les ostéopathes s’appuierait sur l’idée que la pratique sportive pourrait « défaire » ce que la consultation a fait. Vraiment ? S’agit il d’une croyance délétère favorisant les croyances et le risque de blessure de nos patients ou au contraire s’agit il d’une recommandation essentielle qu’il faut suivre pour aller mieux ? Nous essaierons de démêler le vrai du faux afin de savoir si oui ou non on peut faire du sport après l’ostéopathe et si oui doit-on adapter la pratique ?
L'action de l'ostéopathe
Tout d’abord il conviendrait d’expliciter par quels mécanismes l’ostéopathie agit sur le corps. Il s’agit là d’une première difficulté, une partie des effets des séances étant dépendant : du praticien, du patient et de l’environnement. Cette triade comprend l’effet placebo, l’état du praticien, la confiance ou non du patient en ce dernier, la température de la pièce (on est plus détendu dans un hammam qu’au bord de la banquise). Ces premiers éléments ne sont évidemment pas impactés par la pratique sportive dés le lendemain de la consultation ! On essaiera donc de proposer une théorie sur les mécanismes mis en oeuvre lors d’un traitement ostéopathique afin de vérifier si oui ou non : le travail de l’ostéopathe peut être « défait ».
Selon les techniques effectuées, les structures anatomiques mobilisées durant la consultation peuvent être d’origine musculaire (ostéopathie structurelle, myotensives), « vasculaires » (ostéopathie viscérale, crânienne), nerveuses (massage, étirements, techniques neurodynamiques). On balaiera la croyance réputée que l’ostéopathie fait bouger les os : ce n’est (normalement – physiologiquement) pas le cas. L’action de l’ostéopathe se passe majoritairement sur le tissus conjonctif (et oui la première chose et la seule chose sous la main de l’ostéopathe c’est de la peau : un tissu conjonctif) et musculaire autour des articulations. Concernant l’impact vasculaire et nerveux, certaines techniques ont pour prétention de favoriser la revascularisation d’une zone (on se base sur une théorie ostéopathique sans preuves scientifiques : la loi de l’artère) comme c’est le cas dans le cadre de l’ostéopathie crânienne (sans preuves). Les techniques à visée nerveuses « neurodynamiques » sont bien connues des kinés et ont pour ambition de stimuler la réparation des nerfs en favorisant leur glissements, leur stimulation. Bien que toutes nos techniques pourraient être considérées comme ayant un impact « nerveux », la main de l’ostéopathe vient se poser/appuyer sur le corps du patient : cette main sollicite les mécanorécepteurs présents dans la peau et envoie un signal nerveux qui est reçu par le cerveau et traité : où est cette main ? est ce que ça me fait mal ? Une partie de nos techniques prétendent réaliser un « reset » des tensions du fait de l’action sur les mécanorécepteurs. La douleur est un signal d’alarme envoyé du cerveau au corps pour dire « attention risque de blessure », en sollicitant les capteurs de tension au niveau de la zone douloureuse, le cerveau sollicité pourrait réévaluer la situation et en arriver à la conclusion qu’allongé sur la table de l’ostéopathe dans une ambiance de détente, le risque de blessure est moins grand qu’il ne l’avait estimé et qu’il peut donc se détendre !
Ainsi en dehors d’actions très brutales en changeant radicalement de votre quotidien (ultra trail, sports de contact, exercices dit cardio) comment pourriez vous défaire notre action ? Le corps est fait pour vos activités quotidiennes ( marcher dans la rue, porter des charges modérées) et doit bien s’y réhabituer après nos séances !
Les bienfaits du sport
L’activité physique est essentielle pour la santé et le bien être chez l’être humain ! Elle a même été promue Grande Cause Nationale gouvernementale pour 2024, dans la mouvance des Jeux Olympiques Paris 2024 !
L’activité physique n’est pas nécessairement du sport, il s’agit avant tout de bouger votre corps : ménage, marche à pied, jeux actifs … L’activité physique (minimale) recommandée est de 30 minutes de marche rapide par jour.
L’activité physique a des impacts sur tous les sytème du corps humain. Elle agit sur les muscles, les articulations : en favorisant leur mouvement, leur souplesse, la circulation générale (meilleure circulation veineuse, meilleur renouvellement cellulaire). Elle agit aussi sur le système cardio respiratoire : le coeur est aussi un muscle qui a besoin d’entrainement ! Le système digestif fonctionne mieux aussi du fait du massage mécanique des viscères produit lors de l’activité ! Le cerveau va aussi orienter la sécrétion d’hormones lors de l’activité physique favorisant la détente, le sommeil, le bonheur ! Il y a aussi des effets préventifs concernant cancers, maladies cardiovasculaires, chute de la personne âgée (maintien des fonctions), ostéoporose …
Et oui ! Le bon traitement c’est le mouvement !
Que faire après une consultation d'ostéopathie alors ?
Prenez soin de vous et écoutez vous ! Notre travail intervient au niveau des muscles, ce qui explique que parfois on puisse ressentir douleurs et courbatures dans les jours suivants une consultation. Cependant il ne faut pas perdre de vue que l’ostéopathie a pour objectif d’améliorer votre confort et votre qualité de vie (ce sont d’ailleurs ses qualités prouvées ! ). C’est aussi ce qui est recherché lorsqu’on réalise une pratique sportive !
Est ce que celà doit vous empêcher de pratiquer votre sport ? Est ce qu’un sportif professionnel doit s’arrêter 48h après son passage chez son ostéopathe ? En se basant sur cet exemple il ne parait pas pertinent d’arrêter le sport après une consultation d’ostéopathie. Vos séances de sport habituelles peuvent même vous permettre d’évaluer si nous avons bien compris et traité votre problème !
L’idéal est donc de rester dans vos habitudes et d’écouter votre corps ensuite : vous êtes fatigués ? Reposez vous ! Vous vous sentez plein d’énergie et vous souhaitez reprendre votre pratique sportive ? Sans souci tant que celle là ne sort pas de vos habitudes et n’est pas vecteur d’une douleur (il faut laisser un peu de temps au cerveau pour comprendre ce qu’il s’est passé !). Si vous pratiquez une activité sportive un peu « intense » : n’hésitez pas à la prendre sous un angle plus « doux ». Ainsi on évitera les exercices « durs » comme les plaquages, les exercices cardio intenses, le fractionné, l’ultra trail (en autres …) pour se focaliser sur du « footing » plaisir, des étirements, des pratiques plus méditatives (yoga doux, pilates…) bref de la douceur et de la patience envers vous et votre corps !
Il existe une exception notable à cette ligne de conduite : vos objectifs sportifs personnels ! Si vous avez un “bobo” et une échéance sportive importante rapide, n’hésitez pas non plus à venir : de votre confort dépend aussi votre capacité à “performer” et nous sommes en mesure d’adapter nos traitements à vos objectifs proches.
En résumé :
Au niveau de nos connaissances actuelles en ostéopathie, nous ne sommes pas légitimes à vous conseiller d’arrêtez une activité physique, dont les vertus sur la santé mentale et physique sont reconnues, au nom d’une prétendue action thérapeutique (dont nous n’avons pas de preuves scientifiques de l’efficacité). L’idéal c’est de faire à votre rythme et de prendre soin de vous, notamment parfois en passant par un peu de repos si vous en ressentez le besoin !
